Grand Brassac : présent à toutes les éditions, François raconte les dernières 24 heures de l'épreuve en solo.
Les 6 et 7 février s'est déroulée la 10ème et dernière édition du trail extrême de Grand Brassac. Concept original et décor dantesque, le programme comprenait cette année encore quatre épreuves simultanées à gérer : un trail nocturne, un trail extrême additionnant une étape nocturne et une étape de jour, un défi trail sur 24 h par équipe en relais et un défi trail sur 24 h en solo. On comprend mieux la lassitude des organisateurs!
François Manson n'a pas hésité à s'aligner une dernière fois pour découvrir l'épreuve des vingt-quatre heures solo. Nous lui avons demandé de raconter sa course à tous les membres du club.
Me voici inscrit (10 jours avant le départ…) pour mon 10ème G.B. Une si belle épreuve à proximité de la maison ne peut pas se manquer surtout pour la dernière! Mais on ne peut pas dire que ma préparation soit des plus sérieuses (comme toujours!). Une sortie au Trail de Puyferrat sur le 18 kms (1h30) et à Pécharmant sur le 30 km (2h34’) sur le mois de janvier. Pour le reste, quelques séances d’entrainement croisé (Cap / VTT ou Vélo/Cap) suffiront à se faire croire qu’on est prêt. Je me persuade que l’expérience aura aussi son rôle à jouer le jour de l’épreuve. Grand Brassac 24 heures solo sur une boucle de 23 km avec 850m de dénivelé positif, c’est le seul format que je n’ai pas encore couru. Je connais bien le circuit, son côté exigeant et ludique mais aussi son côté usant (surtout sur plusieurs boucles et de nuit). J'ai donc fait le choix de courir avec un copain du Team GC à mes côtés et ce quelque soit la physionomie de la course : partir à 2, c’est mieux!
Il fait beau et le terrain est souple, c’est suffisamment rare pour le souligner. Premier tour en 3h pile poil comme prévu, 24 km au GPS avec une troisième partie de course (après le filet) que l’on trouve très usante.Les repères sont vite pris. Je prends le temps de manger, changer de tee-shirt, refaire le plein et je repars pour le second tour. Avec mon compère, on trottine encore pas mal en s’épargnant au max dans les difficultés : autant dire qu’on y va vraiment tranquille vu le nombre de difficultés !!! Fin du second tour à la frontale, 3h30 cette fois ci, les jambes deviennent dures. On prend vraiment le temps pour se ravitailler, se changer et on repart à 21h après les 2 courses nocturnes.
Troisième tour en nocturne, les douleurs apparaissent, mais j’arrive à garder le rythme et suis capable de relancer en courant dès la difficulté passée. A 22 heures la pluie se met à tomber, Grand Brassac revêt son costume de boue, celui pour lequel on revient, celui qu’on aime et qu’on redoute, qui détruit… Un long chemin de croix commence, glissades dans les sentiers défoncés par le passages des autres coureurs, dévers, racines, cailloux… Là les choses se compliquent : 4 heures pour ce tour : il est 1 heure du matin, 12 heures d’effort ( on rajoute une 1/2 heure à chaque tour…jusqu’où va -t-on aller ?). Ravitaillement, stratégie : une pause s’impose ! la pluie redouble… des trombes d’eau. Je connais très bien le parcours et sais qu’il va très très vite se transformer en un véritable bourbier. Je croise Fred Vidotto à la base de vie : il est classé 3ème mais au regard des conditions climatiques, il préfère jeter l’éponge car il est moralement usé. Il est couvert de boue de la tête au pied et a réalisé ses derniers kilomètres à moins de 5 km/h. On n’y voit pas à 2 mètres.
Sagement, après la soupe, on se dirige vers la voiture (plus au calme que la base de vie) et on se glisse dans le duvet. Pas de réveil donc pas de stress. Petit dodo,…..pluie battante, suis bien dans mon duvet ! Et oups 7h30 ! il fait jour, 6 heures de micro-sieste ( c’est une nouvelle approche de la micro-sieste!!!). Presque fringant, je suis prêt à repartir. Mais attention, si le corps et l’esprit sont bien, les muscles sont durs, endoloris, les pieds nous font souffrir, chaque glissade est une souffrance. La pluie s’est calmée, justes quelques averses. Nous bouclons notre 4ème tour en 3h40. Le repos a payé. On croise quelques concurrents véritablement à la dérive et on s’interroge parfois sur le bien-fondé de poursuivre... Beaucoup ont arrêté sur le solo (une vingtaine) ou par équipe (une vingtaine également). Le terrain est dévasté, le passage de cordes à Rochereuil est neutralisé. Les concurrents du combiné courent encore. Je suis fatigué mais pas usé (c’est toute la nuance : il faut arriver frais mentalement et physiquement. Je suis adepte du sous-entrainement...) Au final, nous serons les premiers à la douche (quel bonheur!), à la buvette pour la bière et les crêpes au Nutella.
Une expérience particulière sur la résistance mentale, la détermination… peu d’intérêt sportif, aucun enjeu, rien à prouver, rien à gagner, si ce n’est le partage avec ceux qui y étaient, qui savent, qui sont allés au bout, ou pas ! Et le sentiment qu’il faut absolument relativiser sa performance : il y a tellement de choses plus importantes!
P.S.: adepte du sous-entrainement vous ne me verrez pas cette semaine, ni la semaine prochaine… A bientôt!
François se contente de dire modestement qu'il a fini la course, mais il omet de citer les 114,8 km qu'il a parcouru avec son copain, dont une bonne partie en rudes montées et descentes et pas toujours à la verticale! Chapeau l'artiste et merci pour la leçon de training mental.
Bruno Ceyssat finit à la 4e place du trail nocturne en 2h03'25".
Michael Pluyaud remporte l'extrême Trail en 3h58', Guillaume Lafon finit 23e, Thierry Porcher 31e.
Tous les résultats : http://ok-time.fr/competition/grand-brassac-hivernal-trail/